Dans les dernières semaines, ce sont plus de 3000 mémoires ont été adressés au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) dans le dossier de GNL Québec, un record dans l’histoire de l’organisme gouvernemental. Ces mémoires sont présentement analysés par la commission, qui remettra un rapport au plus tard le 13 janvier 2021.
Parmi les déposants, 184 ont demandé à le présenter devant les commissaires lors de la deuxième partie de l’audience publique, auxquels s’ajoutent quarante intervenants qui ont demandé à exprimer leur opinion verbalement devant la commission, c’est-à-dire sans présenter de mémoire. Au total, 224 interventions étaient programmées entre le 26 octobre et le 6 novembre. Au final, suite à plusieurs désistements, ce sont environ 180 interventions qui ont été réalisées, dont la grande majorité (plus de 140, soit environ 80%) se sont dits préoccupés ou opposés au projet.
Synthèse des séances
Une majorité des personnes qui se sont exprimées dans le cadre des audiences du BAPE étaient en défaveur du projet. Il s’agissait autant de citoyens, d’étudiants et d’universitaires que de scientifiques et d’organismes environnementaux, dont les motivations étaient le plus souvent liées à l’environnement (avenir climatique, protection du béluga, impacts et risques environnementaux potentiels) et aux conséquences du projet sur l’industrie touristique. Certains ont également déploré le fait que la Commission n’ait qu’un mandat pour l’usine de liquéfaction, et non pour l’ensemble du projet (incluant le gazoduc).
Les partisans du projet, notamment des élus locaux, des organismes de développement, des acteurs économiques et des syndicats, mettent plutôt en avant les retombées économiques positives, notamment la diversification économique et la rétention de main-d’œuvre plus jeune dans la région. En réponse aux craintes liées à l’environnement, certains ont indiqué faire confiance au promoteur sur sa capacité à prendre en compte l’aspect environnemental. D’autres ont évoqué «l’approche innovante» de la Charte d’engagements environnementaux pour la protection des mammifères marins, proposée par GNL Québec.
Certaines municipalités se sont toutefois montrées plus mitigées, à l’image de Petit Saguenay et l’Anse-Saint-Jean qui ont déposé un projet commun énumérant les conditions auxquelles le projet sera acceptable.
De la même façon, des intervenants ont relevé des éléments à introduire sur l’économie globale du projet – par exemple, l’application d’une fiscalité particulière, favorable au milieu, et l’exigence de garanties en cas d’abandon du projet.
À noter que la commission est toujours en discussion avec le Ministère de la Santé et des Services sociaux afin d’obtenir des réponses à ses questions sur les impacts psychosociaux du projet.
Suite de la démarche
La commission d’enquête devra déposer son rapport concernant l’usine de liquéfaction au plus tard le 13 janvier 2021. Le gazoduc fera quant à lui l’objet d’une évaluation conjointe entre les gouvernements provinciaux et fédéraux.
Rappel du projet
Le projet GNL Québec, porté par Énergie Saguenay, consiste à exporter du gaz naturel liquéfié à partir de l’Ouest canadien et implique la construction d’un gazoduc de 750 km, reliant l’usine de liquéfaction située sur la zone industrialo-portuaire du port de Grande-Anse (La Baie) au nord-est de l’Ontario.