Le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT) a célébré au début février ses 25 ans d’existence. Pour cette occasion, pas moins de 12 activités ont été proposées pour faire le point sur les bouleversements qui affectent l’industrie touristique et qui ont des impacts sur ses ressources humaines. Le Créneau s’appuie sur ces échanges pour vous livrer certaines réflexions, visant à préparer la relance de l’industrie.
Rareté de main-d’œuvre et autres problématiques RH
Depuis plusieurs années, la notion de rareté de main-d’œuvre revient fréquemment et constitue une problématique importante pour les entreprises. Face à la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises doivent s’assurer d’être attractives pour recruter les meilleurs candidats, mais aussi de retenir leurs talents.
Les entreprises du secteur du tourisme d’aventure et de l’écotourisme ont pour la plupart un fonctionnement saisonnier ; elles ont en plus un enjeu de fidélisation de leur main-d’œuvre. En effet, si les employés reviennent à chaque saison, c’est un gain de temps aussi bien pour le recrutement qu’en termes de formation du personnel.
Devant ces problématiques, le Créneau d’excellence a participé à la mise en œuvre de 2 projets expérimentaux qui sont en cours :
La mutualisation de services dans le Bas-Saguenay
Devant diverses problématiques en matière de main-d’œuvre spécifiques à ce secteur (faible densité, éloignement géographique, pression immobilière, …), les entreprises du milieu ont choisi de travailler ensemble pour identifier les actions les plus pertinentes à mettre en œuvre pour elles-mêmes comme pour les candidats. Il pourrait s’agir, par exemple, de partage de ressources, de stratégies de recrutement et d’attractivité collectives ou de services d’accueil de la main-d’œuvre partagés.
Le positionnement employeur - Une pratique gagnante pour attirer et fidéliser des employés en tourisme
Des modules de formation ont été élaborés visant à ce que les entreprises :
- définissent leur positionnement RH (marque employeur et proposition de valeurs),
- développent leur attractivité grâce à leur marque employeur,
- segmentent leur stratégie de recrutement et rédigent des offres d’emploi attrayantes,
- fidélisent leurs employés grâce à l’expérience employé.
La rareté de main-d’œuvre, un sujet encore et toujours d’actualité
Selon une étude menée par le CQRHT, les emplois en tourisme ont chuté, en lien avec la pandémie, de 31 % tous secteurs confondus. Si l’hébergement est le plus touché avec une perte de 52% des emplois, le secteur des loisirs et divertissements affiche, quant à lui, une baisse de plus du tiers de ses emplois (37%). L’étude poursuit en indiquant que les anciens travailleurs du tourisme quittent l’industrie ou cessent de chercher activement un nouvel emploi, creusant davantage l’écart entre le besoin et l’offre de main-d’œuvre.
Le CQRHT anticipe ainsi que, malgré la baisse de la demande de main-d’œuvre, les travailleurs pourraient ne pas être au rendez-vous lors de la reprise pour les raisons suivantes :
- ils vont se diriger vers un domaine moins sensible aux fluctuations de l’environnement, afin de gagner en sécurité d’emploi,
- le secteur du tourisme ayant particulièrement souffert, les conditions de travail et salariales pourraient se détériorer,
- les travailleurs ont finalement pris goût au télétravail et vont privilégier les emplois qui leur permet de travailler depuis leur domicile,
- enfin, le risque sanitaire demeurera présent, même une fois la pandémie actuelle terminée.
Des enjeux sectoriels accélérés par la pandémie
A l’été 2020, l’annonce d’un « déconfinement » a rimé avec les notions de « mesures sanitaires », « distanciation sociale », etc. Il a été nécessaire de repenser l’organisation du travail en un temps record.
De nouvelles compétences ont dû être développées, notamment dans le domaine du numérique pour faciliter les transactions des clientèles touristiques. Ces fonctions « réinventées » ont fait de la notion de « résilience » une des plus prononcée dans le quotidien de nos entrepreneurs.
Audrey Murray, Présidente de La Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), a énuméré d’autres enjeux du secteur touristique, lors de la semaine RH organisée du 9 au 11 février :
- La situation démographique,
- Les évolutions technologiques (numérique, IA),
- Les changements environnementaux (économie verte et développement durable).
Une étude de la CPMT, présentée par Madame Murray, confirme que 54% des employeurs sont conscients de la nécessaire évolution des compétences de leurs salariés.
Si les gestionnaires et leurs équipes ont réussi à s’adapter aux nouvelles réalités et contraintes imposées par la pandémie, tous s’accordent pour dire qu’il aurait été plus confortable d’y être un minimum préparé.
C’est pourquoi, il est important pour les gestionnaires d’identifier, au-delà des défis de l’industrie, les enjeux propres à leur organisation afin de planifier leurs besoins en terme de compétences.
Nous vous présenterons dans la partie suivante un outil de gestion RH, la Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences (GPEC). La GPEC est mise en œuvre depuis plus de 30 ans en France et permet de réduire les écarts entre les besoins en compétences et les ressources humaines des organisations.