Contexte
La rivière Péribonka est un joyau encore trop peu connu de notre capital nature de la région du SLSJ. Plusieurs facteurs contribuent à ce statut, notamment la présence d’une vallée glaciaire qui a façonné un relief qui rappelle beaucoup les paysages du Fjord du Saguenay, le caractère sauvage du territoire qui a été épargné des marques humaines profondes et l’histoire riche de la rivière qui compte de nombreux sites riches en vestiges et histoire amérindiens sur les rives de la rivière.
Certains producteurs d’aventure exploitent le potentiel récréotouristique de la rivière et la municipalité de Lamarche travaille actuellement sur un vaste chantier de développement touristique articulé autour de la rivière est ses attributs d’aventure.
Future aire protégée de la rivière Péribonka
Depuis plusieurs années, des groupes de citoyens et environnementaux militent pour obtenir le statut d’aire protégée à l’ensemble du corridor visuel de la rivière. La détermination des aires protégées du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) est un long processus. Les études, consultations et analyses pour cheminer au travers des xxx étapes du processus prennent généralement plus de dix années avant de confirmer le statut d’aire protégée à un territoire. Ce processus a particulièrement été ralenti au cours des dernières années par le plan de rétablissement du caribou forestier au Québec, lequel requiert la protection d’un immense territoire qui favorisera le rétablissement de la population du caribou forestier. Ce dossier a imposé à tout autre projet d’aire protégée un moratoire de plusieurs années. Considérant que l’aire protégée pour le caribou forestier requiert quelque 10 000km carrés, il y a fort à parier que cette attribution pourrait avoir un impact sur plusieurs autres dossiers à l’étude, la capacité d’établissement d’aires protégées étant tout de même limitée pour permettre les différents usages du territoire québécois.
Dans le cas du projet d’aire protégée de la rivière Péribonka, le projet est présentement à l’étape xx du processus, et compte tenu des délais, la mise à l’abri du territoire aux fins d’exploitation forestière est loin d’être chose faite. Cette démarche demeure cependant le meilleur cheval de bataille pour tous ceux qui souhaitent voir le territoire protégé de l’exploitation forestière à long terme.
En attendant un statut d’aire protégée
Tant et aussi longtemps que le corridor visuel de la rivière Péribonka n’aura pas été mis à l’abri des coupes de bois par le MDDELCC, le territoire est disponible et tenu en compte par le Ministère de la Faune, de la Foret et des Parcs (MFFP) dans ses calculs de possibilité forestière. En principe, rien n’empêche le MFFP de rendre disponible la forêt de la vallée de la Péribonka aux compagnies forestières.
Des mécanismes permettent cependant à l’ensemble des usagers du territoire de communiquer leurs préoccupations au MFFP et d’harmoniser les usages territoriaux. À ce niveau, on n’est absolument pas dans un contexte de protection de territoire, mais bien dans une situation de compromis entre les usages.
Parmi ces mécanismes, les consultations publiques sur les planifications quinquennales et annuelles du ministère représentent les meilleurs leviers d’influence des usagers de la forêt publique.
Plusieurs intervenants, dont certains membres du créneau d’excellence, ont d’ailleurs communiqué leurs préoccupations à l’égard du corridor visuel de la rivière Péribonka lors de la récente consultation publique sur les plans d’aménagement forestier intégré tactique (PAFIT 2018-2023). Le rapport de consultation du PAFIT 2018-2023 soulève 76 préoccupations émises par les 48 participants au processus de consultation. La grande majorité des 76 préoccupations émises étaient en lien avec la rivière Péribonka, notamment sur la qualité visuelle des paysages et les aspects récréotouristiques de la vallée.
Le MFFP est actuellement en consultation pour la mise en œuvre de la première année de son PAFIT. À l’échelle annuelle, on parle alors d’un plan d’aménagement forestier intégré opérationnel (PAFIO). Dans son PAFIO 2018, le ministère prévoit des travaux dans la vallée de la rivière malgré les nombreuses préoccupations apportées à son attention. Ces travaux se définissent ainsi :
1- Chantier TARRANT: Coupe de régénération en forêt infestée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette (11 447 hectares dont 14km de coupe le long de la rivière)
2- Chantier PÉRIBONKA : Éclaircis précommerciale ou dégagement (327 hectares le long de la rive ouest de la rivière)
3- Chantier TCPR_TNO EST : Éclaircis précommerciale ou dégagement (3 093 hectares le long de la rive est de la rivière)
Nous n’avons pas au créneau d’excellence les compétences pour juger de la nécessité ou la pertinence d’intervenir ou non sur une forêt identifiée comme étant infestée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. À l’inverse, il n’est pas nécessaire d’être un ingénieur forestier pour comprendre qu’une éclaircie précommerciale (débroussaillage) consiste à préparer le terrain à de futures coupes forestières à moyen terme.
En attendant l’obtention du statut d’aire protégée pour cette rivière, deux options s’offrent aux défendeurs de la Péribonka. Continuer de faire connaître leurs préoccupations à l’intérieur des mécanismes de consultation des PAFIT et PAFIO, et activer les bons leviers politiques pour tenir l’exploitation forestière à l’extérieur du corridor visuel de la rivière jusqu’à ce que le statut d’aire protégée soit décrété pour la rivière Péribonka.
Votre implication dans la première option aidera certainement les porte-étendards de la seconde à argumenter leur démarche.
Pour émettre vos commentaires dans le cadre de la consultation PAFIO en cours, veuillez consulter ce lien : www.mffp.gouv.qc.ca/forets/consultation/consultation-amenagement.jsp
Les consultations se termineront le 8 mars prochain.